Le Guide du démocrate

Co-écrit avec Jean-Charles Massera, sous-titré : Les clé pour gérer une vie sans projet
éditions Lignes, 96 pages, 2010. ->>> livre sur le site des éditions Lignes

L’objet de cet essai à quatre mains est d’initier la critique du «démocrate» contemporain par le moyen même de la langue dont il fait usage. Le Guide du démocrate est un ouvrage sur la démocratie vue par ceux et celles qui la vivent. Bienvenue dans une époque de l’indice, du sondage et des prévisions comme représentations ultimes, du caddy malin, du lavage de cerveau rigolo, de l’émotion sur commande, de la pulsion en promo partout, des projets personnalisés comme cadre, du coaching pour pas trop sombrer quand on commence à être largué et d’un marché de l’emploi soumis à des flux super-tendus et super-brutaux comme ambiance, le tout dans la terreur de faire partie de la vague de septembre.

Extrait

Délocalisations, obligations de résultats et taux de suicide : Objectif thunes En ces temps de compression des effectifs, de relocalisation des compétences et de hiérarchisation des spécialisations territoriales, les démocrates savent plus que jamais que le travail n’est pas un acquis mais une chance [écoute, t’as déjà un boulot, estime-toi heureux], plus une fin mais simplement un moyen de gagner sa vie [ouais mais bon la paye c’est pas la même]. Bien loin le rêve d’un CDI permettant au démocrate de se couper du reste de la communauté à crédit dans sa maison individuelle personnalisée, son monospace au comportement d’exception et derrière son écran super large super plat. Aujourd’hui le démocrate ne lutte plus seulement pour décrocher un travail mais aussi et surtout pour le garder [En même temps si j’le fais pas ils trouveront toujours quelqu’un d’autre qui acceptera, c’est ça l’problème]. Condamné à subir en permanence les injonctions de la culture motivationnelle libérale (même pour un travail d’esclave jouissant d’une image proche de zéro), à positiver du matin au soir des orientations et des objectifs (dont le sens échappe souvent à tout entendement pourvu d’un minimum de distance critique), le démocrate accepte de faire de la conjoncture et de l’obligation de résultats les seules coordonnées de son existence professionnelle.